lundi 19 août 2013

Rentrée 2013 : des mesures insuffisantes et ambiguës face à la précarité étudiante

Les décisions ministérielles sont tombées : les bourses seront progressivement "réformées". Le Ministère a décidé ainsi de créer un échelon 7 de bourses (550 euros par mois) et un échelon 0 bis (100 euros par mois). Mais, en parallèle, il a décidé d’une augmentation des frais d’inscription réglementaire, des frais de Sécurité sociale, des frais de médecine préventive et du ticket RU. Ces augmentations vont de 1,5% à 2% à la rentrée et concerneront la quasi-totalité des étudiants. Le ticket RU prend encore 5 centimes : en 3 ans, le prix du ticket RU a augmenté de 10% ! Dans le même temps des "bourses départementales" aux étudiant-e-s sont supprimées comme dans l’Aisne. Si la réforme des bourses constitue une mesure d’urgence pour les étudiants les plus précaires, c’est avant tout un coup de communication.

Le constat est clair : la précarité des étudiant-e-s est une réalité criante. Le "coût de la vie augmente", les revenus diminuent, les étudiant-e-s se salarient de plus en plus, notamment pour financer leurs études, avec des temps d’emploi de plus en plus longs... Et tout ceci n’est pas sans avoir des conséquences désastreuses sur la réussite des étudiant-e-s, notamment ceux et celles issu-e-s des classes populaires, de moins en moins nombreux-se-s dans l’enseignement supérieur. Rappelons que les étudiant-e-s salarié-e-s ont un taux de réussite en moyenne deux fois inférieurs aux non salarié-e-s.

La réponse gouvernementale est insuffisante. Si l’échelon 0 est une invention statistique pour augmenter artificiellement le nombre de boursier-e-s à peu de frais, seul-e-s 55.000 étudiant-e-s à l’échelon 0 aujourd’hui (sur 135.000) recevront désormais une bourse (échelon 0 bis" : une bourse bien maigre qui ne pourra résoudre le problème de l’augmentation des "emplois étudiants" comme l’affirme le ministère et l’UNEF. Le nombre de boursier-e-s aidé-e-s augmentent certes (de 10%) mais pas le nombre total de "boursier-e-s" ( 1,6%) : rappelons que sur plus de 2,3 millions d’étudiant-e-s, 650.000 sont boursier-e-s et seulement 550.000 reçoivent une aide. L’"échelon 7", quant à lui, ne fait qu’apporter un "coup de pouce" (bien pratique certes) à 30.000 étudiant-e-s déjà à l’échelon 6 ( 80 euros par mois). Mais, à l’inverse, et contrairement à 2012, les bourses ne sont même pas revalorisées : les augmentations (1% environ voir moins selon les échelons) suivent à peine l’inflation. Ainsi le gouvernement économise plusieurs dizaines de millions d’euros en ne revalorisant pas les bourses. Enfin les allocations individuelles, tant vantées par l’UNEF, existent de fait déjà au sein du Fond National d’Aide d’Urgence et ne concernent que 0,4% des étudiant-e-s. En bref le gouvernement fait une réforme à peu de frais.

Laïcité à deux vitesses et islamophobie

Selon le journal le Monde, le Haut Commissariat à l’Intégration s’apprêterait à publier un rapport préconisant douze propositions parmi lesquelles l’adoption d’une loi interdisant "dans les salles de cours, lieux et situations d’enseignement et de recherche des établissements publics d’enseignement supérieur, les signes et tenues manifestant ostensiblement une appartenance religieuse".

Avec une telle proposition visant directement le port du voile, c’est une fois de plus la politique du bouc émissaire qui est mise en place pour masquer les problèmes réels que rencontre l’enseignement supérieur et que sont le désengagement financier de l’État de l’enseignement supérieur, la recrudescence de la sélection sociale entraînant la fin de la démocratisation de l’enseignement supérieur ainsi que la présence accrue d’intérêts privés dans les conseils décisionnels des établissements d’enseignement supérieur que nous dénonçons depuis un moment déjà.

Jamais la présence d’étudiantes voilées n’a perturbé la tenue d’un cours ou influencé le contenu de l’enseignement dispensé. Cette possible proposition de loi relève non seulement d’un racisme avançant à visage couvert mais elle serait de plus une attaque visant directement les femmes de confession musulmane et relève donc d’un sexisme à caractère paternaliste qui viserait à « libérer » les femmes d’une oppression dont elles n’auraient pas conscience.

dimanche 11 août 2013

Intervention policière à l'Université de Londres


     Le 16 juillet, la police anglaise, sur demande de l'Université de Londres a envahi les locaux du syndicat ULU (University of London Union), et arrêté une de ses militantes. Cette arrestation dont les images sont diffusées sur internet (http://www.youtube.com/watch?v=kahUH7JaFRE ), avait pour objet d'inculper l'étudiante pour avoir écrit à la craie sur la propriété de l'Université.

     Si l'université choisit de faire intervenir la police pour un acte aussi peu grave, c'est parce que la militante concernée participait à une campagne pour la défense des droits des personnels (concernant en particulier les congés maladie, les congés payés, et les pensions de retraite, voir le site de la campagne https://sites.google.com/site/3cosascampaign/que-queremos).

     Nous considérons qu'il s'agit là d'une nouvelle manifestation de ce que sont prêts à faire les responsables politiques européens, quand il s'agit d'imposer l'austérité à leur peuple. Les Universités, en Angleterre comme en France, constituent des lieux de résistance à ces politiques, et c'est pourquoi les acteurs de cette contestation sont les victimes d'une répression qui dans le cas présent, tourne au ridicule.Nous adressons toute notre solidarité à l'étudiante arrêtée, ainsi qu'à toutes celles et tous ceux qui luttent, en Angleterre comme ailleurs, pour défendre les droits des travailleurs, qu'ils soient en formation, en activité, au chômage ou retraités. Face à l'austérité, nous devons opposer notre solidarité de classe, c'est ce qu'a fait cette militante, et c'est ce que nous continuerons à faire.