Les décisions ministérielles sont tombées : les bourses seront progressivement "réformées". Le Ministère a décidé ainsi de créer un échelon 7 de bourses (550 euros par mois) et un échelon 0 bis (100 euros par mois). Mais, en parallèle, il a décidé d’une augmentation des frais d’inscription réglementaire, des frais de Sécurité sociale, des frais de médecine préventive et du ticket RU. Ces augmentations vont de 1,5% à 2% à la rentrée et concerneront la quasi-totalité des étudiants. Le ticket RU prend encore 5 centimes : en 3 ans, le prix du ticket RU a augmenté de 10% ! Dans le même temps des "bourses départementales" aux étudiant-e-s sont supprimées comme dans l’Aisne. Si la réforme des bourses constitue une mesure d’urgence pour les étudiants les plus précaires, c’est avant tout un coup de communication.
Le constat est clair : la précarité des étudiant-e-s est une réalité criante. Le "coût de la vie augmente", les revenus diminuent, les étudiant-e-s se salarient de plus en plus, notamment pour financer leurs études, avec des temps d’emploi de plus en plus longs... Et tout ceci n’est pas sans avoir des conséquences désastreuses sur la réussite des étudiant-e-s, notamment ceux et celles issu-e-s des classes populaires, de moins en moins nombreux-se-s dans l’enseignement supérieur. Rappelons que les étudiant-e-s salarié-e-s ont un taux de réussite en moyenne deux fois inférieurs aux non salarié-e-s.
La réponse gouvernementale est insuffisante. Si l’échelon 0 est une invention statistique pour augmenter artificiellement le nombre de boursier-e-s à peu de frais, seul-e-s 55.000 étudiant-e-s à l’échelon 0 aujourd’hui (sur 135.000) recevront désormais une bourse (échelon 0 bis" : une bourse bien maigre qui ne pourra résoudre le problème de l’augmentation des "emplois étudiants" comme l’affirme le ministère et l’UNEF. Le nombre de boursier-e-s aidé-e-s augmentent certes (de 10%) mais pas le nombre total de "boursier-e-s" ( 1,6%) : rappelons que sur plus de 2,3 millions d’étudiant-e-s, 650.000 sont boursier-e-s et seulement 550.000 reçoivent une aide. L’"échelon 7", quant à lui, ne fait qu’apporter un "coup de pouce" (bien pratique certes) à 30.000 étudiant-e-s déjà à l’échelon 6 ( 80 euros par mois). Mais, à l’inverse, et contrairement à 2012, les bourses ne sont même pas revalorisées : les augmentations (1% environ voir moins selon les échelons) suivent à peine l’inflation. Ainsi le gouvernement économise plusieurs dizaines de millions d’euros en ne revalorisant pas les bourses. Enfin les allocations individuelles, tant vantées par l’UNEF, existent de fait déjà au sein du Fond National d’Aide d’Urgence et ne concernent que 0,4% des étudiant-e-s. En bref le gouvernement fait une réforme à peu de frais.